Ce que j’ai appris en évitant le tourisme « mainstream »

shower thoughts, voyage

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Mettons les choses au clair dès maintenant : comme 99,9% des gens de mon âge qui ont la chance de pouvoir voyager, j’ai visité des destinations dites « mainstream ». Donc oui, j’ai fait mon pèlerinage de fin de lycée aux Pays-Bas (plusieurs fois d’ailleurs, y’a pas que Amsterdam, mais c’est un autre débat) et à NYC, je suis allée en Grèce, en Espagne, en Italie et j’en passe… j’ai même été aux Seychelles me dorer le cuir dans un resort pour touristes. Ayant toujours – pour des raisons qui m’échappent encore – regardé à l’est, j’ai aussi pris en grandissant la décision de visiter d’autres pays, plus connus pour leur passé chargé que pour leur potentiel touristique – principalement en Ex-Yougoslavie ou Ex-URSS. Grand bien m’a pris !

Petit retour en arrière…

Dans le cadre de mes études, j’ai dû effectuer un stage de fin d’année qui, ô joie, me faisait enfin sortir de Paris et partir toute seule à l’aventure. C’est donc comme ça qu’un froid matin de janvier, ma môman sanglotant dans le terminal ouest de Roissy (CDG pour les intimes, parce que t’as vu en France on est très fier du grand Charles), je me suis envolée à bord de ce qu’il me semble avoir été un Airbus A320 pour l’ancienne capitale de l’empire ottoman : Istanbul. Si le stage en lui-même se rapprochait plus du foutage de gueule en bande organisée, mon expérience en Turquie aura été bénéfique pour une chose (parmi tant d’autre) : j’ai appris à apprécier le tourisme non mainstream, c’est le sujet du jour.

Leçon 1 :  l’imprévu… c’est rigolo

Tout a commencé par la rencontre d’une bande de punks (les mecs si vous passez un jour par là) bossant pour Greenpeace m’ayant convaincue de partir camper avec eux dans les monts du Taurus, sud-presque ouest de la Turquie – vachement bonne idée pour un mois de février. L’expérience fut quelque peu mouvementée, entre météo TRÈS capricieuse, tente inondée, chaussettes trempées, chemin de grande randonnée perdu, bus qui arrive quatre heures en retard etc. etc. ETC… Mais malheureusement la Turquie ne dispose pas forcément d’infrastructures adaptées dans des régions plus reculées et faire demi-tour n’était donc pas envisageable. En conséquence, une personne normalement constituée aurait littéralement pété les plombs. Mais retrospectivement c’était presque bandant : la nature sauvage, le calme, la mer…

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Tbilissi, Géorgie

Dans le même registre, le bus qui bombarde en pleine tempête de neige en haut d’une montagne géorgienne (en Géorgie donc, le pays, pas l’Etat confédéré), tu commences à prier la Sainte Trinité (voire que sais-je) que ton chauffeur ait pas trop forcé sur la gnôle. Une expérience semblable s’est produite quelques temps plus tard, encore en Géorgie, dans la ville côtière de Batumi plus précisément. En résumé, tentative de visite de parc national, bus qui n’arrive pas, bus qui arrive mais laisse à environ huit kilomètres dudit parc, prise en stop par une bande de vieux, vodka ! mauvais équipement, froid, nuit, moustiques, et j’en passe. Cette aventure s’étant produite en juillet, en soit l’expérience n’a pas été si traumatisante mais ça fait toujours quelque chose de parcourir des routes cahoteuses dans un pickup datant de l’ère soviétique.

Conclusion : sortir des sentiers battus peut être à la fois une expérience enrichissante et détestable (soyons réaliste, ça a été la misère du début à la fin), mais au final, un peu d’imprévu, ça change du car de touristes !

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Olympos, Lycian Way, Turkey

Leçon 2 : Apprendre l’Histoire par ceux qui l’ont vécu

Alors ça c’est quelque chose qui m’a vraiment marqué : ceux qui me connaissent savent que j’ai fait une maîtrise d’Histoire et ai rédigé une thèse sur les guerres de Yougoslavie (1992-1995 et 1998-1999 pour mémoire). Ayant quelques connaissances dans les Balkans, j’ai pris un  peu au hasard un avion pour Sarajevo, puis quelques jours plus tard un bus pour retrouver mes amis dans la ville de Banja Luka, nord du pays. Pour ceux qui l’ignorent, les Accords de Dayton signés en 1995 et qui ont mis fin au conflit ethnique déchirant le pays, ont séparé la Bosnie en deux entités distinctes et autonomes l’une de l’autre : une zone bosno-croate, la Fédération de Bosnie-et-Herzégovine ; et une zone serbe la Republika Srpska. Le pays est donc divisé en deux zones ethniquement homogènes, ce qui tend à accentuer le communautarisme et présente un frein considérable pour le développement économique du pays. Je n’ai pas l’intention de me répandre en explications ici, donc pour les intéressés je recommande deux livres : Milosevic, la Diagonale du Fou, écrit par l’ancienne porte-parole du TPIY Florence Hartmann ; et Yugoslavia, Death of a Nation, de Laura Silber et Allan Little (le meilleur selon moi mais non traduit en français).

Deux choses sont à retenir de ce voyage : d’abord la Bosnie est un pays magnifique, très vert, très montagneux, avec des vallées superbes et des rivières dont le bleu n’a rien à envier aux plus belles plages de Thaïlande (et j’exagère à peine). Pour ça je recommande chaudement le parc national de Sutjeska, sud-est du pays, vers la frontière avec le Monténégro, ou bien pour les plus aventureux la vallée de la Tara, terre incontournable du rafting. Deuxièmement, je garde un souvenir assez ému des récits d’une guerre qui s’est achevée il n’y a pas si longtemps, et dont les stigmates sont encore visibles. Ce souvenir est d’autant plus fort qu’on m’a raconté ces histoires fort sympathiques autour d’un verre (me souvient c’était en terrasse même), de façon très casual si j’ose m’exprimer ainsi et sans jamais tomber dans le pathos, le rejet de la culpabilité ou le sectarisme.

J’ai hyper  bien bouffé aussi.

Leçon 3 : Pas besoin d’aller loin pour être dépayser

Là les photos parlent d’elles-mêmes : Belgrade est à deux heures d’avion de Paris, Podgorica pas plus loin, pour la Turquie, compter quatre heures de vol.

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Baie de Kotor, Montenegro

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Lac Skadar, Montenegro

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Parc National de Sutjeska, Bosnie-Herzégovine

Leçon 4 : Méchants, pas beaux clichés

Quand je suis allée en Serbie pour la première fois, un copain m’a fait la remarque suivante qui m’a toujours laissée dans un état de profonde perplexité : « en Serbie ?Tes sûre que c’est pas un peu dangereux ? ».

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Belgrade, Serbie

Alors oui, les Balkans ont connus la guerre, oui la Géorgie aussi (août 2008, totalement éclipsée par l’ouverture des J.O. de Pékin), oui la Bulgarie n’est pas l’endroit le plus glamour sur Terre… Mais ces lieux sont chargés d’Histoire et méritent un plus grand intérêt que celui qui leur est porté actuellement. Je pense notamment aux superbes temples orthodoxes de Sofia, aux façades colorées de Belgrade, empreintes de l’influence Habsbourgeoise, au magnifiquement restauré quartier turc de Sarajevo regorgeant d’étals de bijoux ou tapisserie ou encore aux ruines gréco-romaines de l’antique Ligue Lycienne bordant la face méditerranéenne de la Turquie. D’une façon générale je ne raffole pas des envolées lyriques de ce genre mais ces lieux méritent bien plus que la réputation qui les précède et je me dois de tenter de réparer cette erreur historique.

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Mostar, Bosnie-Herzégovine (plus de trois cent ans le bordel !)

Si il y a bien quelque chose que j’ai appris au court de ma courte vie, c’est que les clichés ont la dent dure, mais s’y arrêter ne sert qu’à les alimenter. Ces pays respirent l’envie d’évoluer, j’ai rencontré des gens, certes issus d’une culture différente mais aspirant aux mêmes choses que n’importe lequel des étudiants que j’ai croisé à la fac (à Paris, je précise), et je suis maintenant fière d’appeler certains d’entre eux mes amis. En conclusion, tout l’intérêt de ces expériences repose sur les capacités à trouver de la beauté dans ce qu’on désigne communément comme des trous (pardonnez-moi l’expression), à savoir apprécier le peu qu’ils ont à offrir : l’ouverture, la générosité, la curiosité, l’humanité en soi.

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Smile en Bulgarie

Après j’ai pas grand-chose à dire niveau logistique et trucs bateaux. En gros ça a toujours fait « avion…sac à dos…bus…routard…inch’allah »

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